21 Septembre 2024
La dissolution de l'Assemblée Nationale française est une technique constitutionnelle qui permet de renouveler le corps des élus nationaux quand ils n'arrivent plus à se mettre d'accord faute d'une majorité claire ou quand le chef de l'état décide de consolider éventuellement la majorité sur laquelle il s'appuie.
Le chef de l'état prend la décision de dissoudre, après en avoir informé le chef du gouvernement et les présidents du Parlement et du Sénat!
Jacques CHIRAC l'avait fait en 1995, espérant ainsi mieux assoir la majorité dont disposait son camp ! Mais mal lui en a pris : c'est l'opposition de gauche qui a raflé la mise et il s'est retrouvé avec Lionel Jospin comme premier pour une longue période de cohabitation!
Jacques CHIRAC s'était trompé et il en assumé les conséquence avec le fameux "QUEL CON ...MAIS QUEL CON..." immortalisé par LES GUIGNOLS de Canal+.
La dissolution selon Emanuel MACRON est d'un autre monde !
Elle a été immédiatement provoquée par la surprise, la sidération puis la colère du président français à l'annonce des résultats des résultats des élections européennes de mai dernier où le parti présidentiel s'est fait laminé, ratatiné et humilié par le Rassemblement National, mené par le sémillant Jordan Bardella.
Donc, le 9 juin 2024, à 21 heures, soit une heure à peine après l'annonce des résultats des européennes, Emanuel MACRON décide de dissoudre l'assemblée nationale pour "redonner la parole au peuple".
Personne n'a compris sa décision, même parmi les plus proches : certains l'ont critiqué, d'autres s'y sont opposés, mais tous se sont pliés à la volonté du chef de l'état.
S'en est suivi une campagne électorale sur le chapeau des roues, aucune formation - ni celle du président ni celles de ses alliés ni celles des oppositions de droite et de gauche!
Il fallait plier l'affaire avant les Jeux Olympiques!
Les scrutins ont eu lieu les 30 juin et 7 juillet derniers avec le résultat qu'aucun sondage n'avait prévu l'arrivée en tête du NOUVEAU FRONT POPULAIRE, constitué dans la précipitation mais dans la détermination.
La France Insoumise, les socialistes, les écologistes et les communistes présentent un front uni de 188 députés, dépassant largement les 126 députés du Rassemblement National.
Les partisans directs du président Macron et leurs alliés se retrouvent largués derrière : moins de cent sièges pour ENEMEBLE POUR LA REPUBLIQUE, et a cinquantaine de REPUBLICAINS qui en explosé en vol avec la sortie de Eric Ciotti.
Ceci étant aucun bloc n'a réussi a obtenir assez de sièges pour s'assurer une MAJORITE ABSOLUE et pouvoir gouverner en toute sérénité, comme cela a été la cas depuis l'instauration de la Vème république.
D'autre part aucune POSSIBILITE DE COALITION ne semblait poindre à l'horizon !
Les calculs d'Emanuel MACRON se sont révélés faux : au lieu d'assoir son pouvoir, il se retrouve sur un trône bancal et pour garder le pouvoir=, il n'a pas hésiter à utiliser les artifices les plus grossiers, à la limites de la violation de la constitution ou de moins des pratiques et usages en la matière.
Il a fait voter des ministres démissionnaires lors de l'élection à la présidence de l'Assemblée Nationale !
ll a inventé le concept de "stabilité institutionnelle" dont il serait le garant, alors que Constitution n'en parle pas dans son article 5 qui stipule que le président est garant "de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités".
Il refuse donc de pressentir comme premier ministre une personnalité chois par le Nouveau Front Populaire!
Il consulte, il discute, il fait semblant de prendre l'avis de X ou de Y....Cela dure deux mois, du jamais vu sous la Vème république!
Et il finit par désigner Michel BARNIER et la France se retrouve avec un gouvernement formé par partis qui n'ont pas gagné les élections !
En effet, le nouveau gouvernement ne reflète en rien le schéma dominant de l'Assemblée Nationale, ce qui est une première en France et une nouveauté dans les démocraties occidentales!
de quel bout que l'oin prenne la composition du cabinet dirigé de Micha Barnier, il est impossible de trouver une adéquation entre les deux pouvoirs !
Sur les 38 membres, on trouve 12 membres de EPR, le bloc présidentiel qui pointe loin derrière le Rassemblement en nombre de députés (99 contre 126).
On compte également 10 Républicains - ceux-là même qui, il y a quelques semaines, se refusaient à toute alliance selon leur chef Laurent Wauquiez - pour 41 députés.
Le reste des portefeuilles sont répartis entre des partis proches de la droite ou attribué pour la forme, comme un maroquin pour un "divers gauche" et un autre pour un "LIOT"!
Donc avec un parlement dont le groupe le plus nombreux est de GAUCHE, Emanuel MACRON est arrivé à "fabriquer" un gouvernent plus à DROITE que le précédent!
Michel BARNIER ne pourra tenir le cap qu'avec la bénédiction très timide du Rassemblement National !
Il sera sous une éternelle menace de censure de la part de gauche bien sûr, mais aussi des Républicains eux-mêmes, dès lors qu'une mesure trop "sociale serait envisagée !
On voit donc que cette dissolution à la sauce Macron est un véritable cas d'école que les professeurs de droit constitutionnel doivent poser comme colle à leur étudiants.
P.S. je n'entre pas dans le détail de la répartition des portefeuille, mais on peut noter que des ministères prestigieux sont confiés à d'illustres inconnus (Economie, finance, industrie : Antoine Armand // Affaires Etrangères: le discret Jacques Barrot // Education Nationale : la novice Anne Genetel).
Bon vent donc au gouvernement Barnier et à la très prochaine motion de censure!